O desinteresse pelo “interesse nacional” tem sido uma das invariantes do discurso político desta III República, permanentemente focada em esquecer a tragédia das guerras coloniais, na questão da “guerra fria” e no “ser europeu” e “bom aluno”.
O desinteresse pelo “interesse nacional” tem sido uma das invariantes do discurso político desta III República, permanentemente focada em esquecer a tragédia das guerras coloniais, na questão da “guerra fria” (entre 1974 e 1986) e no “ser europeu” e “bom aluno” (desde 1986).
Mas, ironia das ironias, é da Europa (duma UE em profunda mutação) que agora chega a “redescoberta” de um “interesse nacional” que, afinal, Estado algum (excepto Portugal, claro) tinha esquecido mas apenas cuidara de camuflar, nos tempos da absoluta hegemonia de uma narrativa europeísta e neo-liberal…
Intérêt(s) national(aux)
Les temps ne sont plus à préparer une possible mobilisation de guerre totale et de réfléchir en termes d’autosuffisance et d’accès grâce à l’Empire, mais plutôt en termes d’anticipation face à des risques catastrophiques, de capacités de réaction rapide et de résilience.
La ronde des intérêts nationaux
Tout d’abord, il peut s’agir de faire la liste d’intérêts nationaux, classés hiérarchiquement ou bien en cercles concentriques, selon leur importance ou leur proximité, même si laFrance ne proclame pas urbi et urbi quels sont ses intérêts «majeurs» ou «vitaux». Le flouest même de rigueur, depuis le premier Livre blanc sur la Défense, publié en juin 1972: «la dissuasion est réservée à la protection de nos intérêts vitaux (…) la limite de ceux-ci est nécessairement floue […] la dialectique de la dissuasion se nourrit d’une relative incertitude».
Jacques Chirac a troublé en 2006 lorsque, dans son discours de l’Ile Longue, il est plus précis,tout en paraissant en élargir la liste: «L’intégrité de notre territoire, la protection de notre population, le libre exercice de notre souveraineté constitueront toujours le coeur de nos intérêts vitaux. Mais ils ne s’y limitent pas. La perception de ces intérêts évolue au rythme du monde, marqué par l’interdépendance croissante des pays européens et par la mondialisation. Par exemple, la garantie de nos approvisionnements stratégiques et la défense de pays alliés, sont, parmi d’autres, des intérêts qu’il convient de protéger. Il appartiendrait au président de la République d’apprécier l’ampleur et les conséquences potentielles d’une agression, d’une menaceou d’un chantage insupportables à l’encontre de ces intérêts. Cette analyse pourrait, le casé chéant, conduire à considérer qu’ils entrent dans le champ de nos intérêts vitaux». (…)
Il n’empêche que dans les textes officiels, ces précisions ont vite été abandonnées. Le flou demeure, comme dans le discours de François Hollande à Istres le 19 février 2015…
Des intérêts qui vont et qui viennent
Certaines priorités sont plus ou moins accentuées selon les époques, ce qui amène à interroger leur place dans la nébuleuse des intérêts nationaux. Les transformations technologiques, ont amené à se concentrer sur le charbon et le fer en Europe du Nord-Ouest, puis sur le pétrole moyen-oriental et africain, et désormais sur un cyberespace global qui depuis 2012/3 est devenu un enjeu majeur de rivalités et de sécurité.
Régulièrement, «l’expansion commerciale» devenue, après bien des méandres, la «diplomatie économique» est affichée comme relevant d’un intérêt majeur. Il en est de même pour la défense de la langue française, qui sort parfois de son caractère routinier (…) pour devenir un objectif en soi davantage qu’un moyen. Elle peut même être sublimée en faisant de la France «un des acteurs majeurs de la diversité culturelle». On pourrait citer également les espaces maritimes, qui sont périodiquement redécouverts dans des politiques de la mer ou bien des affirmations de possession, comme dans le Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité Nationale de 2013.
(…)
Ainsi, nous nous sommes éloignés des invariants que jadis Jean-Baptiste Duroselle avait essayé de définir”*
*Jean-Baptiste Duroselle: “Les «invariants» de la politique étrangère de la France”. in ‘Politique étrangère’, n°1 -1986
Pierre Grosser, in “Notre intérêt national – Quelle politique étrangère pour la France?”, sous la direction de Thierry de Montbrial et Thomas Gomart
Notre intérêt national
Quelle politique étrangère pour la France?
Thierry de Montbrial, Thomas Gomart
La politique étrangère de la France est-elle encore guidée par l’idée d’intérêt national?
Pourtant, la notion d’intérêt national était au cœur de notre tradition diplomatique du cardinal de Richelieu au général de Gaulle. Elle permettait de hiérarchiser nos valeurs et nos alliances.
S’appuyant sur les contributions de grands acteurs et penseurs de notre diplomatie, ce livre analyse la politique étrangère de la France à l’aune de l’intérêt national compris comme moteur et comme cadre d’action.
S’inscrivant dans le débat sur l’identité française, il évalue aussi la place de la France dans le monde et les relations complexes que les Français entretiennent avec la mondialisation.
Un enjeu fondamental pour la présidentielle et les cinq ans à venir.
Membre de l’Académie des sciences morales et politiques, auteur de nombreux ouvrages, Thierry de Montbrial a créé en 1979 l’Institut français des relations internationales (Ifri) dont il est le président, et, en 2008, la World Policy Conference (WPC).
Historien des relations internationales, Thomas Gomart est directeur de l’Ifri depuis 2015.
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